Texte de Nicole Pfund /artiste :
« Le corps est-il le décor de la nudité paysagée ou est ce que ce sont les courbes et volumes qui forment l'incarnation de l’humain ?
Dans ses dessins, Corine Pagny explore, questionne ce que les corps et les paysages transportent de symboliques et de mythes. L’eau mêlée d’encre prend possession du papier, les traits marquent ses mouvements, la temporalité de son geste. A partir de lignes noires, plus ou moins épaisses, l’artiste joue avec le vide et fait apparaître des formes, des silhouettes. Une nécessité de re-présenter les corps, les attitudes et les ironies quand il s’agit de ses carnavaleux, cela devient une jubilation que Corine fixe sur le papier dans une coulée de tons chauds : rouge flamboyant, orange irradiant. On la sent happée, portée vers un dépassement de soi et un épanouissement du geste.
Son dessin est l’intime du dedans plus qu’une surface esthétique. Les blancs apparaissent autour des lignes, la tache se constitue, elle touche au plus près de la peau, veut atteindre la promesse de sa perception visuelle. Ce geste qui dessine un réseau de contours incisifs, nerveux, instinctifs que l’épaisseur peut tempérer. Qu’ils soient corps ou paysage, tout parle de la vie dans ces champs nuancés où la monochromie grise, blanche, ocre se fracture de traits noirs libérant des impulsions lyriques qui ne dépassent jamais une démarche consciente.
Dans son travail, Corine Pagny semble se mesurer aux sujets et devient « passeur de réel » sur des surfaces mouvantes déconnectées du visible. Il émerge de nouvelles idées, un questionnement sur la réalité environnante et un ailleurs encore méconnu. A nous de laisser nos regard errer entre ses traits, les dedans et dehors, les proches et lointains, de rêver les yeux ouverts. Que de pistes à suivre pour trouver le fil de nos propres univers »
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